Foulards Hermès Schlumpf
Fritz Schlumpf était un admirateur absolu d’Hermès, autant impressionné par le prestige de la marque que par le savoir-faire exceptionnel de ses artisans. Sa relation avec Robert Dumas, patron de la marque avait démarré de manière pittoresque.
Alors que Fritz se trouvait à un salon international à la fin des années 1960, un homme s’approche de lui et le complimente sur son étonnant gilet qu’il portait sous sa veste fermé par de curieux petits boutons en ivoire sculpté … c’était Robert Dumas. Les deux hommes ont vite sympathisé et échangé sur leurs entreprises respectives mais aussi sur l’une de leurs passions : l’automobile.
Robert Dumas né en 1898, vivait depuis son enfance au cœur de cet univers. Responsable de l’équipe des dessinateurs de l’entreprise Hermès, il appréciait tout autant une table à dessin que mettre la main dans le cambouis.
Il était très fier de l’astucieux système de fermeture des sacs à main Hermès qu’il avait conçu et breveté. C’est tout naturellement que Fritz invite Robert Dumas à visiter Malmerspach et le musée en cours d’aménagement. Il vint aussi plusieurs fois à Wintzenheim à son domicile.
C’est là qu’est née une grande amitié mais aussi une belle idée : la réalisation d’un Carré Hermès spécialement pour le Musée.
Dès 1970, Fritz émit des idées et fournit des documents à Philippe Ledoux qui travaillait pour l’atelier d’Hermès.
Il y eu un premier projet, présenté en avril : au centre le rarissime Sage de 1906, une des voitures préférées de Fritz, entourée d’éléments de calandre, d’essieux et de lanternes. Tout autour, des chaînes de transmission, des pignons d’embrayage et les tuyaux de deux trompes d’avertisseurs s’entrelacent de la manière la plus baroque qui soit.
En bas, à droite et à gauche, de part et d’autre, deux petits dessins viennent compléter l’ensemble : deux voitures occupées par un conducteur et sa passagère.
Fritz était ravi et enthousiasmé par l’ensemble proposé mais les deux petits dessins et l’écusson n’emportent pas son adhésion. Il fait changer une des deux voitures et transforme le simple écusson en blason Schlumpf avec les armoiries de la famille. Cette deuxième version est officiellement enregistrée en juin 1970 dans les archives de la maison Hermès sous le numéro 28792.
Cela ne satisfaisait pas totalement Fritz qui apporte une dernière modification : Philippe Ledoux, représente Fritz, reconnaissable à ses favoris, assis au volant de l’une des voitures et debout à côté de la seconde. A son côté une femme différente dans chacun des deux dessins. Sur l’un, cheveux blonds en liberté, mains sur les hanches, c’est Arlette ; sur l’autre, une jeune fille au beau visage rond enveloppé d’un foulard noué en forme de coiffe traditionnelle alsacienne, Martine la fille d’Arlette.
Fritz donne son accord à Hermès en janvier 1971 et passe commande de 1475 carrés déclinés dans onze coloris, du solennel « noir/or » au très doux « ciel/marine ». La production est réservée entièrement à Fritz Schlumpf qui voulait offrir ses carrés comme cadeau souvenir aux invités de l’ouverture de son Musée.
Ce sont des carrés, uniques et chargés d’histoire.